Découvrez le pays des "Ventres Jaunes".

A propos, quelle est l'origine de ce surnom ? Certains pensent que c'est l'abus de gaudes que les bressans mangeaient quotidiennement jusqu'au début du XX^e s., d'autres penchent plutôt pour les Louis d'or qu'ils gardaient  dans une poche aménagée dans leur ceinture (d'autres encore précisent qu'il s'agissait des maquignons). Pour ma part, je n'ai entendu défendre la deuxième version que de la bouche de bressans, peut-être parce qu'elle est moins péjorative que la première. Quoi qu'il en soit, il est vrai que les bressans étaient considérés comme les enfants riches du département jusque dans les années 50, grâce au maïs introduit au début du XVII^e s., synonyme d'abondance, et assurant la subsistance des hommes et l'engraissement des animaux.

Mais intéressons-nous également aux autres régions de l'Hexagone où l'on affuble leurs habitants de ce sobriquet :

• Les émouleurs des coutelleries de Thiers, couchés au-dessus de leur meule 10 à 12 heures par jour, recevaient des projections de grès et de limaille,

• Mont-Dol dans l'Ille-et-Vilaine, au climat jugé malsain, dont les habitants des marais avaient le teint jaunâtre, mais aussi les marchands normands ( de chevaux ) qui portaient sur le ventre une poche de toile attachée autour de la taille. A la fin de la foire, leur poche ventrale étaient remplis de pièces jaunes,

• toujours dans l'Ille-et-Vilaine à Sougéal, parce que les jupes y étaient très courtes (!!!),

• Bouthéon dans le Forez, sans doute à cause des fréquentes épidémies,

• la région des Mauges dans le Maine-et-Loire, à cause des nombreux sites d'extractions de terre argileuse pour la poterie,

• Glénac dans le Morbihan, en référence à la couleur de l'anguille, très présente dans le mortier de Glénac, vaste étendue de marais très poissonneuse située à la confluence de l'Oust et de l'Aff,

• la Brenne et la Sologne, jadis insalubres et dont les habitants avaient le teint bilieux et la peau safranée à cause des nombreuses fièvres qui infestaient cette région. Mais c'était également un pays pauvre où les gens travaillaient le bois et l'argile ; les ouvriers s'essuyaient les mains sur leur tablier.

Tiens, ça ne vous rappelle rien ? Le travail du bois et de l'argile était également le lot des bâtisseurs de fermes bressanes. Je suppose qu'ils ne se lavaient pas les mains au lavabo de la salle de bain chaque fois qu'on leur présentait un "canon" à boire.

On pourrait débattre des heures sur sa véritable origine, mais ce surnom a peut-être traversé les siècles tout simplement parce que toutes ces variantes se sont ajoutées en le confortant et en lui assurant sa pérennité. Finalement, la vraie raison, n'est-elle pas celle à laquelle pense la personne en l'utilisant, puisque c'est en partie pour ça qu'elle l'utilise ? (Réflexion toute personnelle, j'assume !)

Gaudes : La farine destinée à fabriquer les gaudes est produite à partir de maïs torréfié. Les Bressans étaient friands - et certains le sont toujours - de la peau qui se formait à la surface de la bouillie, et pour la "rasure", récupérée au fond de la marmite, et craquant sous la dent.
Il semble que le nom de gaude ait été donné à l'origine à la bouillie de millet, dont la couleur jaune rappelle celle de la fleur de réséda, aussi appelé "gaude". Par extension ce nom a été attribué à d'autres formes de bouillies.

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